La première présidente de la République Française s’appellera-t-elle Le Pen ?

L’éclairage de Florence Dauchez, présidente de Visible, ZZHome

Pour la deuxième fois dans une élection présidentielle en France, Marine Le Pen sera présente au second tour.  Sa candidature représente t-elle un progrès pour la société, une ouverture nouvelle, une forme d’aboutissement de la lutte pour l ‘égalité menée par tant de générations qui nous ont précédés? 

13% des électeurs se déclarent indécis à J-8 selon le sondage D-codes.  Dimanche prochain, il faudra tenter de séduire les abstentionnistes, les électeurs de Jean-Luc Melenchon, les jeunes. Ces voix feront la différence, elles porteront au pouvoir Marine le Pen ou Emmanuel Macron. 

Imaginons de rassembler les femmes de notre Panthéon national et celles qui siègent dans nos panthéons personnels, toutes si vivantes: quel aurait été le choix de Joséphine Baker, celui de  Simone Veil, de Marie Curie, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz ou Sophie Berthelot  ? Quelle position auraient défendu les Beauvoir, Signoret, Duras, Yourcenar, Sagan, Colette, Sand, Halimi, Woolf, Austen, Lessing, Morrisson,  Meir, Claudel, Miller, Taro, Simone, Franklin, St Phalle, Maar, Buck, Politovskaïa, Holliday, Arendt, Neal, Veil, Héritier, Nightingale, Angelou, Dietrich, Franck, Parks, Luxembourg, Michel, Gouges, nos enseignantes, peut-être nos grands-mères ? Convoquons les figures de liberté qui nous ont construites. Sans grand risque, il est possible d’affirmer que la plupart n’aurait pas voulu que s’écrive dans les futurs livres d’histoire le nom de Marine Le Pen au titre de la première femme française élue à la présidence de la République. 

Le 24 avril prochain ne sera pas un jour d’élection comme les autres, la voix de chacune et chacun résonnera dans l’histoire de France et du monde. 

Pas une ligne du programme de Marine Le Pen n’a échappé aux analyses critiques : aucune équivoque, aucun angle mort qui n’aient été levés : la candidate d’extrême droite nourrit le projet d’instaurer une démocratie illébérale, un paravent sémantique derrière lequel se rangent les régimesliberticides : la Russie, le Belarus, la Hongrie, la Pologne, la Turquie, maquillent leur dessin souverainiste en maintenant des élections présidentielles, elles n’en privent pas moins les citoyens de leurs droits fondamentaux en gouvernant par décret une fois sur la touche les parlements et leurs prérogatives constitutionnelles. Or une grande partie du programme établit par le RN dépend d’une consultation nationale immédiate, par referendum, dont on sait par avance qu’il sera illégal. Et modifiera le fonctionnement de l’état.  

L’histoire contemporaine le démontre : toute les formes de régression de la démocratie se traduisent par un recul des droits des femmes. 

Nous sommes les héritières morales de celles qui ont conquis les libertés pour les femmes. Dont le droit de vote. Il s’accompagne d’un devoir de protection et autant de transmission aux futures générations. A nos votes.

Florence Dauchez, présidente de Visible

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