La précarité étudiante à un niveau record ?

0Pouvoir d'achat, L’analyse de D-Codes

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Alors que l’élection présidentielle se profile, les candidates et candidats en lice devraient chercher à se rendre attractifs aux yeux d’une population peu encline à se rendre massivement aux urnes, les « jeunes », âgé.e.s de 18 à 25 ans, souvent jeunes actifs ou étudiants. Or, se concilier les faveurs de ces derniers tiendra vraisemblablement de la gageure, alors que la précarité étudiante semble culminer à un niveau rarement atteint ces derniers temps.

Un pouvoir d’achat globalement fragilisé

Les étudiants ont, notamment en 2021, souffert de la raréfaction des emplois estivaux sur lesquels ils comptent traditionnellement pour assurer un niveau de vie décent. À ces difficultés accrues d’accès à des emplois étudiants qui plus est souvent précaires, s’ajoute une propension moindre à pouvoir compter comme d’ordinaire sur le soutien financier de familles proches également touchées au portemonnaie par la crise sanitaire. Ceci dans un contexte général d’augmentation du coût de la vie (estimée à +2,5 % par l’Unef, l’un des principaux syndicats étudiants français, par le biais d’une étude publiée par ses soins en août 2021), particulièrement dans la région parisienne et les grandes agglomérations où sont concentrées la plupart des universités et grandes écoles. Si les loyers ont eu une tendance à la baisse à Paris grâce à leur encadrement mis en place en 2019, ce n’est pas le cas, tant s’en faut, dans la majorité des grandes villes. Facteur aggravant, certaines aides ont été revues à la baisse : sur l’ensemble des 6 millions de ménages bénéficiant des APL, 41 % ont subi une baisse de cette allocation depuis la réforme afférente entrée en vigueur en janvier 2021.

Un avenir incertain à l’heure de la campagne

Ainsi, ces difficultés liées à un pouvoir d’achat en berne se matérialisent de façon très concrète. Le recours de la population estudiantine à la banque alimentaire a grimpé en flèche, au point que les associations dédiées à cette aide concédaient ployer sous une demande démultipliée.
« C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 », affirmait lors d’une allocution de septembre 2020 le président de la République Emmanuel Macron, auquel on ne donnera pas tort. Avant même la crise sanitaire, l’INSEE évaluait à près de 20 % le nombre d’étudiants vivant sous le seuil de pauvreté (contre 14,6 % environ pour la population totale).

C’est dur d’avoir 20 ans en 2020

Il n’est guère de raisons d’espérer que ce taux ait chuté. Pour enrayer cette précarisation galopante de la jeunesse étudiante, des mesures ont été proposées par ces derniers, ou par l’intermédiaire de leurs syndicats : la gratuité (ou réduction du prix) des transports, le remaniement des aides sociales et leur extension à un plus grand nombre, l’abrogation de la réforme des APL qui aurait accru les difficultés de nombreux étudiants. Ces derniers scruteront certainement la campagne en regard de ce qui leur sera proposé afin d’améliorer leurs conditions d’existence, et ce, malgré la défiance qui semble de mise à l’endroit de ce qui pour l’heure demeure de simples promesses.
Certaines ont déjà été annoncées, comme par exemple la proposition de Jean-Luc Mélenchon d’une allocation de 1 000 euros destinée aux étudiants détachés du foyer fiscal de leurs parents, ou celle d’Anne Hidalgo d’un minimum jeunesse de plus de 500 euros en faveur des 18-25 ans, tranche d’âge à ce jour inéligible au RSA.